Édition du 26 février 2019

 

 
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Le témoignage de Valérie Mora, membre du groupe de travail CFU

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Valérie Mora, directrice des finances, du contrôle de gestion et du patrimoine d'Eragny-sur-Oise (16.700 hab., Val d'Oise), représente l'AFIGESE (Association Finances-gestion-évaluation des collectivités territoriales) au sein du groupe de travail CFU mis en place par le Comité de fiabilité des comptes. Elle réfléchit également à l'éventualité de faire participer sa commune à l'expérimentation qui va démarrer. Rencontre avec une convaincue du CFU.

Collectivites-Locales : Que peut-on reprocher aux actuels compte administratif et compte de gestion ?

Valérie Mora : Même dans un contexte de dématérialisation, on se trouve face à deux documents très volumineux, d'au moins 200 pages chacun, qui contiennent des écritures comptables identiques mais présentent un inconvénient majeur : aucun des deux n'est complet sur l'exécution budgétaire. Le document du comptable ne présente pas la fonctionnelle et dans le nôtre, les comptes de tiers n'apparaissent pas.

Une fois qu'ils ont en main la note de présentation qui accompagne les comptes, les élus veulent comprendre ce qui est relatif à leur secteur, et c'est la présentation fonctionnelle du compte administratif (quand elle est bien utilisée) qui permet à chacun de retrouver les réalisations effectuées sur son secteur. Le compte de gestion, lui, a en général peu de lecteurs, hormis l'élu aux finances, la direction des finances et la direction générale et, de toutes façons, on ne le regarde qu'une fois par an.

C-L : Avez-vous le sentiment que l'arrivée du CFU est une réforme attendue dans les collectivités ?

Valérie Mora : Dans les directions financières, c'est une évidence. Quand je me retrouve, en fin d'année, avec les deux comptes à pointer, j'aimerais bien qu'on produise déjà un CFU ! Quand ce sera le cas, je pourrai sortir, dès le mois de septembre, un CFU provisoire avec des éléments de bilan sur les créances et les dettes, alors qu'aujourd'hui, je dois attendre que le comptable me transmette des informations sur les restes à recouvrer. A n'importe quel moment de l'année, je pourrai dialoguer avec mon élue aux finances sur un document qui présente la situation patrimoniale.

En groupe de travail, nous avons commencé à examiner la présentation du résultat dans la nouvelle maquette : ce sera beaucoup plus lisible qu'avant, ce qui permettra aux élus d'y passer beaucoup moins de temps. J'espère que les annexes, elles aussi, vont être rationalisées.

Un autre avantage du CFU va être de développer les relations entre l'ordonnateur et le comptable : comme les informations de l'un et de l'autre se retrouveront sur un même document, il faudra se voir encore plus qu'aujourd'hui !

 

C-L : Pensez-vous qu'il y aura de nombreux candidats à l'expérimentation ?

Valérie Mora : On a toujours intérêt à participer à des expérimentations et l'AFIGESE y encourage ses membres : cela a été le cas pour la certification des comptes et ça l'est pour le CFU. Le réseau des directeurs financiers des collectivités locales est très actif et nous avons l'habitude de l'échange de bonnes pratiques entre nous. Je sais, par exemple, que des collègues qui appliquent déjà le référentiel comptable M57 transmettront leurs tables de transposition aux collectivités qui devront passer de la M14 à la M57 pour pouvoir expérimenter le CFU.

Le fait d'être déjà à la M57 est évidemment un élément facilitateur pour se porter candidat. Pour les autres collectivités, le gros morceau va être le passage à la M57 qui aura un coût financier de mise à niveau de l'outil financier et de formation du personnel, et qui réclamera aussi beaucoup d'énergie pour fédérer les acteurs autour du projet.

Certains collègues, avant de se lancer dans une expérimentation CFU, me parlent aussi d'autres priorités comme la mise à niveau de l'actif de leur collectivité, ou d'autres aspects d'amélioration de la qualité comptable qui leur paraissent prioritaires avant de basculer à la M57.

 

C-L : La commune d'Eragny envisage-t-elle de participer à l'expérimentation ?

Valérie Mora : Sur le principe, l'élue aux finances d'Eragny voit d'un très bon œil l'arrivée d'un document unique qui lui donnerait une vision complète sur la situation financière de la commune. Si nous étions déjà en M57, nous candidaterions immédiatement ! Mais le contexte local fait que nous sommes tributaires de partenaires extérieurs : c'est le centre interdépartemental de gestion de la Grande couronne qui fait notre paye, et notre service informatique est mutualisé avec l'agglomération de Cergy. Ces deux partenaires ont déjà fait preuve de leur allant sur des projets passés, mais auront-ils les moyens de nous accompagner sur le CFU ?

L'élue aux finances m'a donc demandé de réaliser un diagnostic précis des pré-requis et des conditions de réussite du projet, afin de déterminer rapidement si notre commune se trouve en capacité matérielle d'absorber une expérimentation comme celle-là. Par ailleurs, ce projet devant être porté par ma direction dans son ensemble, il conviendra, avant toute chose, d'obtenir l'adhésion de l'équipe pour donner au projet toutes les chances d'aboutir. C'est un pré-requis que j'applique systématiquement car on ne fait rien tout seul...

 

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