Travailler en partenariat avec des administrations de l'État, c'est une pratique courante pour le CNFPT ?
F.P. Notre mission étant d’accompagner les deux millions de fonctionnaires territoriaux dans leur montée en compétences, le travail en partenariat est inscrit dans l’ADN du CNFPT. Le fait d’échanger sur nos domaines d’expertise, avec de nombreux acteurs de l’action publique locale, nous permet de consolider et de démultiplier notre propre action.
Dans l’écosystème de l’État, nous travaillons ainsi avec la DINUM pour l’évaluation des compétences numériques, avec France Services pour la formation des animateurs des France services, ou encore avec la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie sur des questions sociales. Parmi tous ces cas concrets, le partenariat avec la DGFiP est exemplaire.
N’oublions pas non plus que le CNFPT et l’École nationale des Finances publiques appartiennent tous les deux au réseau des écoles de service public, qui réunit 38 établissements de formation des cadres des trois fonctions publiques.
Est-ce si naturel que cela, pour les agents de la DGFiP, de s’aventurer sur le terrain de la formation des cadres territoriaux ?
G.R. Cela relève d’une évidence, pour ne pas dire d’une nécessité. Les financiers territoriaux et les agents de la DGFiP sont les acteurs d’une même chaîne de dépense et de recette, et ils partagent la même volonté de qualité comptable.
Il est donc parfaitement naturel que nos cadres s’impliquent pour aller présenter et expliquer aux agents des collectivités locales les nouveaux dispositifs réglementaires qu’il leur appartiendra d’appliquer, pour décrypter les règles budgétaires et comptables parfois complexes, mais aussi pour les accompagner sur des dispositifs innovants comme l’actuelle expérimentation du compte financier unique.
Pourquoi le partenariat de fait entre le CNFPT et la DGFiP s’est-il mué en convention nationale ?
F.P. Il arrive fréquemment qu’un partenariat démarre de façon informelle, une idée portée par telle ou telle personne au sein d’une institution se transformant en action concrète. Mais je trouve beaucoup de vertus au fait que l’on glisse ensuite vers plus de structuration, avec une convention en bonne et due forme, et c’est exactement ce qui s’est passé dans le cas présent.
La signature d’une convention permet d’abord de recenser toutes les actions menées et de reconnaître ainsi le travail réalisé par les équipes respectives. On atteint aussi un autre degré dans le partenariat : la convention marque l’engagement institutionnel à agir ensemble, à partir d’une orientation donnée par nos instances de gouvernance. Le partenariat ne repose plus sur le bon vouloir de quelques-uns, mais engage toute l’institution.
Enfin, vis-à-vis de l’extérieur, la coopération entre le CNFPT et la DGFiP donne une force et une image de solidité à nos interventions communes. Le CNFPT soutient le développement des compétences des territoriaux et la DGFiP se met à leur disposition pour décrypter les nouveaux enjeux financiers ou les réformes budgétaires et comptables.
La première convention signée en 2014 a été renouvelée pour la période 2021-2024. Y a-t-il une différence de contenu entre les deux générations de convention ?
G.R. En 2014, lors de l’écriture de la première convention, qui aurait pu imaginer que nous développerions, moins de 10 ans plus tard, des outils numériques comme le cycle annuel de webinaires "Les rendez-vous de la DGFiP" ou les MOOC qui permettent de former plusieurs milliers de personnes par session ? Les moyens démultipliés, liés à la capacité de proposer des formations à distance, sont au cœur de notre convention pour 2021 à 2024.
F.P. Sur la période couverte par la seconde convention, l’actualité de la DGFiP va être extrêmement intense. Qu’il s’agisse de la mise en place de son nouveau réseau de proximité, des réformes comptables comme la M57, du compte financier unique (CFU) ou de la certification des comptes, tout cela implique un accompagnement important des collectivités locales. Notre convention de partenariat prévoit donc des actions d’information et de formation nombreuses sur tous ces sujets.
En 2022, l’essentiel de la formation à la M57 va se faire au travers d’e-formations et de webinaires. Le distanciel est désormais privilégié ?
G.R. Des outils comme les e-formations ou les webinaires nous donnent la capacité de toucher énormément de monde et ce, dans un cadre beaucoup plus confortable pour chaque agent. Chacun peut suivre la formation à son propre rythme, y revenir si besoin pour conforter des notions complexes, ou visionner le replay des webinaires en cas d’empêchement le jour de la diffusion en direct.
Cela n’exclut pas des séances en présentiel en complément de ces actions de masse. Il se passe beaucoup de choses lors des moments d’apprentissage entre pairs et il serait bien dommage de s’en priver.
F.P.En effet, le CNFPT, dans son projet d’établissement, n’a pas choisi d’opter pour une philosophie du "tout distanciel". Mais la capacité à faire en distanciel que nous avons acquise pendant la crise sanitaire, qui nous a d'ailleurs permis d’assurer la continuité d’activité, va s’avérer précieuse pour les défis qui sont devant nous. Qu’il s’agisse de la M57 ou du CFU, il va falloir garantir l’accessibilité à la formation pour de très nombreux collègues, de façon à ne laisser personne en dehors de la montée en compétences indispensable.
À cet égard, les chiffres sont éloquents. En 2022, 250 stages présentiels M57, déjà programmés, vont permettre de former 5 000 personnes. Sur la même période, 50 sessions en auto-formation sont proposées aux communes de moins de 3 500 habitants ; elles pourront accueillir un public de 15 000 stagiaires. Quant au "distanciel accompagné", pour les communes plus grandes, il accueillera 3 000 personnes de plus. C’est en mixant le présentiel, le distanciel et l’hybride que nous pourrons nous assurer de toucher tout le monde.
Parmi les actions menées dans le cadre de la convention, quelle est pour vous la plus marquante ?
G.R. Pour moi, sans la moindre hésitation, c’est le dispositif M57 que vient de décrire Franck Perinet. Pour que le basculement des collectivités vers ce référentiel budgétaire et comptable modernisé s’opère dans de bonnes conditions d’ici à 2024, le CNFPT et la DGFiP mettent en commun leurs ressources respectives avec la même détermination et la même volonté de ne laisser personne au bord du chemin.
F.P. Quant à moi, je mettrai en avant le cycle de webinaires appelé "Les rendez-vous de la DGFiP". Ces rencontres régulières sur des sujets d’actualité en finances locales ont rassemblé, l’an dernier, plus de 11 000 participants. C’est dire si elles répondent à un besoin d’information.
Nous avons ainsi créé un lieu de rencontre entre les services centraux de la DGFiP qui mènent les réformes et nos collègues des collectivités qui font remonter leurs questions de terrain et leurs éventuelles craintes. C’est une belle fierté pour mon équipe d’autant que l’organisation fédère, en interne, le service spécialisé des finances, le service de la communication et toutes nos délégations régionales.